Roulant à tombeau ouvert sur la départementale, le type amorça un virage serré et s’engagea dans un chemin de terre menant à l’endroit où il avait un rendez vous urgent qu’il ne devait pas manquer. Le premier arrivé obtiendrait le poste convoité.
Le chemin était encombré de feuilles mortes et de grandes flaques d’eau boueuse et ce qui devait arriver arriva. La petit Fiat 500 qui avait le cul raz des pâquerettes se mit à patiner des 4 roues et s’embourba. Le type énervé et contrarié sortit en pestant :
M…. il ne manquait plus que çà maintenant, j’aille être à la bourre.
Il essaya tant bien que mal de pousser sa Fiat mais rien n’y fit, elle était belle et bien immobilisée. Ne voyant d’autre solution, le gars se mit à prier :
Seigneur, si tu existe vraiment, c’est le moment où ne jamais de me le montrer, je crois en toi mais en vérité je ne t’ai jamais vu, si tu m’aides alors je te prierais tous les jours mais envoie moi quelqu’un pour me sortir de ce pétrin !.
Il attendit mais rien ne vint, aucune présence visible ou invisible. Plusieurs fois il redemanda puis s’énerva :
OK ! bon tu ne veux pas répondre ou tu n’existes pas, alors je vais me débrouiller tout seul, en tout cas les curés ont pas intérêt à venir me bassiner avec leurs sermons à deux balles !
Il était tellement en colère qu’il en devint rouge, il banda tous ses muscles et poussa, poussa si fort qu’à un moment il réussit à sortir l’auto de la boue. Il était crasseux comme tout mais enfin il allait pouvoir aller à son rendez vous.
Tu vois, je n’ai pas eu besoin de toi ! dit il, tu n’as même pas daigné me parler ou me filer un coup de main, quelles inepties ces croyances en ta bonté ! .
A ce moment précis, il eut comme un sifflement dans l’oreille gauche et entendit une voix lui dire :
Mes voies sont impénétrables cher ami, qui crois tu qui t’a aidé à sortir ton auto ?
Moi, c’est évident, j’ai sué sang et eau !
Oui mais qui crois tu qui t’a donné la force de te mettre en colère !
Le type ne sut que répondre.
Eh oui ! repris la voix, pourquoi voudrais tu que j’utilise les grands moyens quand je sais que tu pouvais te débrouiller tout seul, je t’ai juste donné la force.
OK, admettons mais j’ai loupé mon rendez vous pour ce job.
Peu importe, ce n’était pas bénéfique pour toi.
C’est facile à dire pour toi, t’a pas besoin de bosser pour gagner ton pain quotidien mais moi si !
Je t’ai évité bien des soucis cher ami, car l’entreprise qui devait t’embaucher va faire faillite dans moins de deux semaines, je t’ai fait gagner du temps.
Alors çà alors ! t’aurais pu me le dire avant que je m’embourbe ?
C’est vrai mais tu sais j’ai beaucoup de temps libre alors il faut bien que je me distraie un peu, la vie est un jeu, prends les choses du bon côté et tu verras tout sera plus facile.
Alors çà, tu es facétieux, je n’en reviens pas, ok je suis bon public, tu t’es bien marré.
Si tu prends la vie du bon coté, tu verras, on passera de bons moments ensembles.
Le type monta dans son auto, fit marche arrière et s’en retourna chez lui et depuis ce jour il est beaucoup plus léger et joyeux et sa vie n’en est que plus facile.
Wydyr (Christian D.) (Extrait de Carnet d’Histoires inédites)